L’heure du conte du 17 septembre 2008 vient de s’achever je propose à F. Chevaldonné de lui poser quelques questions.
D’emblée, Francine Chevaldonné me déclare qu'elle trouve qu’elle ne fait vraiment pas ses 54 ans ; je ne peux qu’acquiescer tant l’évidence saute aux yeux.
Après cette entrée en matière originale, nous entrons dans le vif du sujet.
Le bib : Depuis quand racontez-vous des histoires ?
F. Chevaldonné :
J'ai l'impression de conter depuis toujours ; enfant je racontais déjà des histoires à mes poupées.
Par la suite, j'ai accompagné des paysans de ma région, le Jura, qui travaillaient dans les champs de maïs. Pendant la journée les anciens racontaient des histoires, c'est ainsi que j'ai, petit à petit, constitué mon premier répertoire. Lorsque la mémoire me faisait défaut, c'est mon père qui venait à mon aide, pour compléter ce que j'avais entendu.
De même, lors de l'hiver, les femmes papotaient pendant le tricot ou la couture. Tous leurs bavardages n'étaient pas destinés aux oreilles des enfants, mais en les écoutant j'ai encore élargi mon répertoire !
Durant ma scolarité, le virus ne m'a pas quitté, que ce soit lors des heures d'étude ou le soir à l'internat. Il fallait faire ses devoirs ou dormir. Les écoles que j'ai fréquentées avaient toutes dans leurs bibliothèques des livres de contes, je lisais en cachette, cachée derrière mon cahier ou le soir sous les draps avec ma lampe de poche.
Encore aujourd'hui, je pense que ces interdictions ont renforcées mon désir de lire des contes.
Le bib : J'imagine qu'aujourd'hui encore vous continuez à vous former et à enrichir votre corpus d'histoires.
F. Chevaldonné :
Effectivement, je conte pour les autres depuis 25 ans, d'abord pour mes proches, puis j'en ai fait mon métier.
A ce moment là, j'ai décidé de me former de manière professionnelle, je continue d'ailleurs encore à l'heure actuelle à suivre des formations avec d'autres conteurs.
En effet, il est essentiel à mon avis de pouvoir profiter du regard de mes confrères et de s'ouvrir à leurs critiques éventuelles
Le bib : Comment enrichissez-vous votre répertoire ?
F. Chevaldonné :
Je suis constamment à la recherche d’histoires que je peux saisir au quotidien.
Ainsi, lorsque je flâne dans le quartier des Grésilles, à Dijon, je croise régulièrement des femmes originaires d'Afrique du nord, auprès desquelles j'enrichis mon répertoire.
Je suis très friande de ces échanges, car je découvre souvent des versions ou des interprétations originales de contes traditionnels et ceci d'autant plus que j'aime particulièrement le corpus d'histoires de cette région du monde.
De même, j'ai l'occasion de me rendre en Russie de temps à autre et je profite du voyage pour faire des rencontres qui me permettent d’apprendre de nouveaux contes.
Le bib : Comment abordez vous une prestation comme celle que vous venez de donner aux silos ?
F. Chevaldonné :
Je prépare une douzaine d'histoires, sans savoir si je vais en raconter 6, 7 ou 10.
Je n’aime pas être prisonnière d’un cadre trop rigide, je prépare une trame et ensuite j’improvise, suivant le public et le cheminement que je décide de suivre suite à sa réaction.
J’apprécie de pouvoir identifier un spectateur un peu à part dans l’assistance ou qui semble moins captivé et me dire en mon for intérieur « Tiens, peut-être que celui-ci aurait envie d’entendre ce type d’histoires ».
Alors, si je pense avoir trouvé, je vais raconter ce que j’ai choisi en me disant que je lui fais ce cadeau.
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